La ménopause triomphante
Le blog d'une quinqua libérée et un peu... zébrée !
Si la ménopause représente une expérience déconcertante pour de nombreuses femmes, imaginez que celle-ci intervienne, alors que vous êtes encore dans la fleur de l’âge. Car la ménopause précoce survient avant 45 ans, et parfois même avant 40 ans.
À cette étape de la vie, l’idée d’une grossesse n’est pas définitivement abandonnée et vous n’avez pas anticipé les bouffées de chaleur, ni les bouleversements physiologiques et psychologiques qui s’abattent sur vous.
Désinformées sur le sujet, les patientes identifient difficilement ce retour d'âge prématuré, quand aucun signe annonciateur ne pouvait l’augurer.
Alors, les questions arrivent. Comment accomplir le deuil de sa jeunesse et de sa fertilité quand on espérait un enfant ? Existe-t-il une thérapie pour pallier ce dysfonctionnement hormonal ? Pourquoi moi ? Est-ce héréditaire ?
Faisons le point sur la ménopause précoce, ses causes, ses symptômes, et ses traitements.
Towfiqu Barbhuiya
Que se passe-t-il lors d'une "ménopause ordinaire" ? Celle-ci intervient généralement après 50 ans et accélère le vieillissement. Malgré un accueil, souvent peu chaleureux, par les femmes, elles finissent par accepter cet état de fait naturel, d’autant qu’aujourd’hui le sujet semble moins tabou. Elles peuvent s’y préparer et tenter de freiner cette "dégénérescence". (Ce mot fait mal !)
Il s’agit généralement d’un épuisement folliculaire. Présent dès la naissance, le
stock de follicules s’affaiblit normalement avec les années. (Le follicule libère l’ovule. Moins de follicules = moins d’ovules = moins de fertilité).
Mais parfois, c’est la maturation du follicule qui est bloquée : il ne peut libérer
l’ovule qu’il contient. Ou bien, les follicules normalement formés à l’état fœtal
présentent une anomalie.
La diminution du nombre de follicules annonce donc, la ménopause. Les signes sont généralement ceux liés au manque d’œstrogène, sont variables d’une femme à l’autre et apparaissent vers 45 ans.
Cependant, quand la ménopause précoce intervient avant 40 ans, c’est une réelle surprise qui bouleverse la vie des femmes et les expose à un vieillissement avancé. Il convient donc de poser au plus tôt un diagnostic, afin de pouvoir rapidement compenser cette baisse d’œstrogène par un traitement hormonal substitutif, si possible.
Ainsi, tout signe annonciateur de la « bonne nouvelle » doit être détecté ! Ils ressemblent à ceux d’une ménopause normale, si ce n’est l’âge auquel ils apparaissent :
Le médecin doit rechercher, par un interrogatoire et des examens, les éventuelles causes de ces difficultés. Questionnaire sur les antécédents médicaux et familiaux, sur les troubles auto-immuns ou génétiques potentiels, examen physique de la patiente, dosages hormonaux par une prise de sang, échographie (pas toujours significative)…
Une fois le diagnostic de la ménopause précoce posé, d’autres informations peuvent s’avérer nécessaires. Un bilan étiologique peut être prescrit :
Alors, le constat définitif de la ménopause précoce est avéré, ainsi que les causes de cet état. Un traitement peut ensuite s’envisager tout comme des mesures familiales, s’il s’agit de cause d’origine génétique.
🔆Lisez, La périménopause et la ménopause : âge, symptômes, effets sur le corps
Multiples, elles sont mises en évidence au cours d'un examen approfondi.
L’insuffisance ovarienne précoce
1 % des femmes voient leur ménopause se déclarer avant 40 ans, alors que l’âge « normal » se situe autour de 50 ans.
Pour rappel, à partir de 45 ans environ, la femme entre en périménopause : ses taux d’hormones diminuent progressivement, des symptômes apparaissent et les règles deviennent irrégulières jusqu’à disparaître. Lorsque l’absence de règles, l’aménorrhée, dure depuis un an, la ménopause est avérée. Cela se produit généralement vers 50 ans.
Ainsi, donc la femme est potentiellement fertile jusqu’à sa ménopause, même si les grossesses tardives (après 40 ans) ne sont pas recommandées.
Dans 85 à 90 % des cas de ménopause précoce, aucune cause n’est trouvée. Cependant, il existe des causes connues. Les premiers responsables étant les ovaires, tout problème pouvant les affecter peut entraîner une ménopause précoce. On parle alors d’insuffisance ovarienne prématurée, ou IOP.
Les causes génétiques
Une mère présentant une IOP peut transmettre cette particularité à sa fille. Ces anomalies héréditaires dépendraient de chromosomes sexuels anormaux (Syndrome de Turner ou de l’X fragile). Elles seraient les causes principales des IOP : en effet, dans 10 à 30 % des cas, il existe une histoire familiale.
Connaître ces causes est essentiel. Cela permet aux autres femmes de la famille d’anticiper. Elles peuvent procéder à des conservations d’ovocytes, au cas où une ménopause précoce interviendrait avant qu’elles n’aient pu enfanter.
Les causes résultant de chirurgie ovarienne
Certaines femmes subissent une ablation des ovaires. Et quand il y en a plus… L’ablation de l’utérus, quant à lui, entraîne l’arrêt des règles, mais les ovaires continuent de fonctionner.
Les causes liées à la chimiothérapie et à la radiothérapie
Lors de cancer, les traitements peuvent altérer l’activité des ovaires. Cela peut varier selon la durée de la thérapie et de l’âge de la patiente. En effet, les ovaires sont sensibles à certains traitements et les défaillances interviennent dans les années qui suivent la fin des soins.
Les causes en rapport avec des maladies auto-immunes
Un dysfonctionnement de la thyroïde, certaines pathologies comme la maladie de Basedow, le lupus érythémateux disséminé, la maladie de Crohn, la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1, la maladie d’Addison… seraient en cause.
Des IOP sont souvent associées à ces pathologies sans que cela puisse être affirmé. Cependant, il est légitime d’y voir un lien. Dans certains cas, le corps produirait des anticorps qui attaqueraient ses propres ovaires.
Les causes liées au mode de vie
Le tabac, par exemple : on sait que les fumeuses ont des ménopauses plus précoces de quelques années que les autres femmes. Certains perturbateurs endocriniens favorisent également la ménopause précoce. Cela a été observé autrefois chez les coiffeuses réalisant des couleurs sans gants.
En bref, les causes de la ménopause précoce peuvent varier et ne sont pas toujours claires à identifier.
Les séquelles d’une ménopause précoce relèvent d’une grande importance, car il y va de l’espérance de vie de la patiente et de son bien-être. On constate 2 années de vie en moins, toutes causes confondues, chez les femmes avec une IOP survenue avant 40 ans.
Les complications cardiovasculaires
Le lien entre IOP et maladie cardiovasculaire est avéré depuis longtemps. Le risque est accru pour ces femmes de 80 % ! Encore plus chez celles qui n’auraient pas suivi de traitement. Le cholestérol serait plus élevé, la sensibilité à l’insuline modifiée…
Les complications osseuses
La perte osseuse s’accélère avec la ménopause, dans les 4 ou 5 années qui suivent. La densité osseuse diminue, donc, plus tôt chez les femmes ménopausées précocement, avec un risque de fracture accentué.
Chez les jeunes femmes, autour de 20 ans, qui n’ont pas encore atteint leur densité osseuse maximale, et qui connaissent une IOP, les menaces sont accrues. 2 femmes sur 3, après un 1 an de diagnostic d’IOP ont une densité osseuse pathologique.
Ryanniel Masucol
Les complications neurologiques
Les troubles de démence et cognitifs seraient augmentés sur le long
terme lorsque l’IOP est d’origine chirurgicale. Parkinson, Alzheimer,
deviendraient alors plus fréquentes. Peu d’études cependant sur le sujet permettent d’être catégorique.
Les risques de cancer
Ceux-ci sont augmentés, en toute logique quand l’IOP résulte d’un
traitement… contre le cancer. Mais certaines études montrent un lien entre IOP non traitée et cancer. Un THS par œstrogène ne multiplie pas les risques.
Les pathologies auto-immunes
Plus de 20 % des femmes atteintes de ménopause précoce peuvent développer des maladies de type dysthyroïdie, diabète de type 1, insuffisance surrénalienne, polyarthrite, maladie d’Addison, lupus… Un suivi s’avère essentiel.
Les problèmes d’infertilité
Forcément, la possibilité de concevoir un enfant de façon naturelle diminue. Parfois, cette IOP est associée à d’autres problématiques qui empêchent la grossesse (volume utérin diminué). D’autres fois, rarement, la fonction ovarienne reprend spontanément et par intermittence.
Les conséquences sur la sexualité
Les études montrent une baisse de libido, des rapports moins fréquents, des douleurs… d’autant plus accentués que l’IOP intervient tôt. La ménopause précoce peut avoir un impact sérieux sur la fonction sexuelle, en raison de la réduction des hormones, ainsi que de la réduction du flux sanguin dans la région pelvienne, et peut causer beaucoup de détresse aux femmes.
Les conséquences psychologiques
Ce verdict, souvent brutal et sans préavis, entraîne des préoccupations et des troubles psychologiques importants. Colère, anxiété et tristesse apparaissent. Des études montrent un risque accru de dépression.
Les difficultés sexuelles peuvent avoir un impact considérable physiquement, psychologiquement et dans leurs relations. Malheureusement, c’est un sujet qui n’est pas bien abordé par les médecins lors des consultations médicales et qui peut être difficile à évoquer pour les femmes.
Par ailleurs, dans nos sociétés où la ménopause est considérée comme l’antichambre de la vieillesse, on comprend le bouleversement d’une arrivée précoce. Sans compter la difficulté à gérer les symptômes parfois handicapants à une période de la vie riche d’événements : enfants encore jeunes, carrière au sommet, projets familiaux…
Les symptômes climatériques
Les symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur et sueurs nocturnes) sont les symptômes ménopausiques les plus fréquemment rapportés chez les femmes atteintes d'IOP. De plus, elles peuvent souffrir d’insomnie, de douleurs articulaires, d’une humeur labile, d’une faible énergie, d’une libido en berne ainsi que de troubles de la mémoire et de la concentration.
Des symptômes liés à l’atrophie urogénitale (Sgum)ont été rapportés pour environ 40 à 50 % des femmes. Ceux-ci peuvent se manifester par une sécheresse vaginale, une dyspareunie (douleurs), une fréquence urinaire et une incontinence urinaire.
Le traitement hormonal de la ménopause, le THM, prolonge la durée d’exposition aux œstrogènes. Le traitement hormonal substitutif, le THS, quant à lui, remplace et compense la baisse des œstrogènes sur le long terme. Une association d’œstradiol et de progestérone, ou une pilule oestroprogestative, sont proposées.
Le but est de protéger la masse osseuse, de diminuer le risque cardiovasculaire, d’améliorer la fonction sexuelle et la qualité de vie. Si l’IOP intervient dès la puberté, le THS permet le développement des caractéristiques physiques féminines (volume de seins, croissance…).
Ce traitement doit être poursuivi jusqu’à l’âge « normal » de la ménopause, environ 50 ans. Les grossesses étant possibles, il est recommandé de faire des tests en cas de doute.
Il peut être administré sous forme de comprimés contraceptifs, ou non-contraceptifs, de gel, de gel associé à un dispositif intra-utérin (stérilet)… La femme, conseillée par son médecin, peut choisir d’avoir des règles, ou décider si son traitement sera continu ou discontinu.
Les pilules représentent souvent le premier choix, car elles pallient le manque d’œstrogène, permettent une contraception efficace, et leur usage est facile.
On observe que les taux d’androgènes diminuent chez les femmes ayant une IOP. En complément d’un THS, des apports d’androgènes peuvent améliorer les problèmes sexuels. Cependant, ce traitement complémentaire semble tarder en France.
En cas de thromboembolie veineuse, l’administration du THS doit être discutée de façon pluridisciplinaire, et la voie transdermique sera privilégiée. Idem pour les femmes obèses.
Souvent, les femmes arrêtent leur THS avant 51 ans, fréquemment pour des craintes injustifiées. Elles doivent être suivies annuellement par leur médecin traitant afin de faire perdurer au mieux de traitement : examen gynécologique, palpation des seins, surveillance du poids et de la pression artérielle… s’avèrent indispensables.
Lorsqu’une patiente doit subir un traitement néfaste pour ses ovaires (chimiothérapie par exemple), il convient pour elle de s’informer auprès d’un médecin expert de l’infertilité. Il sera donc possible, pour certaines femmes, de préserver leur fertilité par cryoconservation du tissu ovarien, des ovocytes ou d’embryons… dans le cas où une IOP se produirait. Cela n’est pourtant pas possible dans tous les centres. Par ailleurs, si le diagnostic d’IOP est posé, c’est malheureusement trop tard, le nombre de follicules étant trop peu élevé.
La grossesse reste possible en cas de préménopause précoce. Des rémissions possibles existent et dans 4 à 6 % des cas, des grossesses naturelles surviennent : cela est dû aux fluctuations du fonctionnement des ovaires durant quelque temps.
Toutefois, chez certaines femmes, cette IOP est passagère. Presque 50 % des femmes voient leurs ovaires fonctionner à nouveau, de façon temporaire. 5 à 10 % de ces femmes pourront concevoir naturellement un enfant.
Mais pour 75 % des patientes diagnostiquées comme ménopausées, elle est définitive. Et les traitements favorisant l’ovulation n’améliorent pas les résultats.
Ces femmes présentent également un taux de fausses-couches similaire aux autres femmes.
Certaines recherches ont mis à jour des possibilités de techniques de maturation in-vitro de follicules ovariens de femmes avec IOP. Des grossesses ont été obtenues ainsi que plusieurs naissances. Mais tout cela n’est pas encore généralisé, il ne s’agit que de préliminaires.
Le don d’ovocytes reste la façon la plus efficace de parvenir à une grossesse. Dans 25 à 40 % des cas d’embryons transférés, c’est une réussite. Ces taux montent à plus de 70 % après 4 cycles d’essais.
Le diagnostic de ménopause précoce est difficile à recevoir. D’ailleurs, le terme d’Insuffisance Ovarienne Prématurée est généralement mieux accepté, surtout quand elle intervient bien avant 40 ans.
Comme lors de la ménopause, mais en pire, la femme peut être désorientée. La ménopause reste associée à la vieillesse, à la décrépitude. De quoi être bouleversée quand les projets d’enfants sont encore d’actualité ! Comment faire son deuil de la maternité ? D’autant que lorsqu’elle s’immisce subitement, elle n’a pas été précédée d’une périménopause, qui permet de s’y préparer. Isolement, détresse, culpabilité et angoisses s’installent.
Les symptômes climatériques altèrent le quotidien et épuisent le corps à une étape de la vie où tous les grands chantiers sont en cours et requièrent un maximum d’énergie. Au top de la carrière, les enfants encore jeunes, la maison en travaux d’agrandissement, le mari en déplacement, un nouveau chiot, des projets à la pelle…
S’ajoutent des nuits blanches, de l’anxiété, une fatigue permanente, des bouffées de chaleur. La dépression et le burn-out pointent le bout de leur nez. Difficile à 35 ans de se sentir telle une femme de 50 ou 60. La vieillesse devient une phobie. Il est alors éprouvant de retrouver sa féminité.
Les femmes peuvent avoir besoin de plusieurs visites auprès de spécialistes, pour des questions et des discussions autour de ce sujet. Des informations et des orientations vers des ressources fiables doivent être proposées, afin de minimiser les répercussions sur leur bien-être.
Le soutien psychologique devrait être mis à la disposition de toutes ces femmes, en raison de l’impact profond que ce diagnostic peut avoir sur leur quotidien. Elles doivent être soutenues tout au long de leur désir de grossesse, être rassurées sur le THS, sur leur image d’elle-même, et leurs troubles sexuels potentiels.
La patiente doit donc être éduquée à ces difficultés qu’elle devra prendre en charge avec de l’aide d’experts. Il lui appartient d'apprendre à gérer son traitement, sa contraception si besoin, et son suivi annuel (gynécologique, fonction thyroïdienne, fonction surrénalienne).
Il est nécessaire qu'elle s'informe sur la gestion des symptômes, sur ses chances de pouvoir tomber enceinte, et sur la prise en charge éventuelle de cette infertilité.
Elle doit, ainsi que son entourage, accorder une grande attention à sa santé mentale. En parler et obtenir de l’écoute de ses proches semble essentiel, même si dans notre société, les problèmes féminins se couvrent trop souvent de tabous, de désintérêt général et d’une sourdine inacceptable.
Comme lors d’une ménopause ordinaire, une amélioration du mode de vie permet de réduire certains effets tels que la prise de poids ou les maladies cardiovasculaires. Le sport et une alimentation équilibrée demeurent d’excellents atouts.
Dans le cas d’une ménopause précoce, le THS reste la meilleure solution pour conserver un bien-être au quotidien. Il compense les défaillances des ovaires en apportant les hormones nécessaires qui limiteront la perte osseuse, les risques de maladies liées à la vieillesse et diminueront les symptômes climatériques (bouffées de chaleur, fatigue…).
Une fois mis en place, la vie reprend son cours, comme pour les femmes ménopausées à un âge ordinaire. Le chemin, pour accepter cette nouvelle étape, n’est pas sans difficulté. Un travail personnel et profond sur soi-même est essentiel pour accueillir ces changements non désirés et précoces. Cela afin de retrouver ou préserver sa féminité, et transformer le regard de la société sur cette période de la vie des femmes. Avec bienveillance et sérénité.
Quelques sources:
Insuffisance ovarienne prématurée A. Graff, S. Christin-Maitre
Protocole National de Diagnostic et de Soins (PNDS) Insuffisance ovarienne prématurée/primitive (en dehors
du syndrome de Turner) Sur le site de La Haute Autorité de Santé
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