Visage de femme dessiné par les racines et les branches d'un arbre sur un fond noir

La ménopause triomphante

Le blog d'une quinqua libérée et un peu... zébrée !
                                               

La stérilisation des ouvrieères indiennes, une ménopause précoce

Une vidéo arrivant sur mes réseaux, relate un scandale en Inde, encore actuel. De jeunes femmes, ouvrières agricoles dans de grandes exploitations de canne à sucre, acceptent sous la pression de leurs recruteurs, l’ablation des ovaires et de leur utérus. La raison ? Leur productivité augmenterait sans leurs règles menstruelles et leurs maternités à répétition : une hystérectomie vivement conseillée par des professionnels de la santé. 

 

Dès lors, ménopausées prématurément, elles subissent à 25 ans ce que nous subissons, nous, Européennes à 50 : une ménopause précoce et son joyeux corollaire de symptômes

 

Découvrons ce scandale encore d’actualité et les conséquences de ces macabres ablations sur ces coupeuses de cannes à sucre privées de leur jeunesse. Nous pourrons ainsi, faire le lien avec notre propre vécu.

 

 

Hystérectomies forcées en Inde

1 Les circonstances de cette hystérectomie de masse 

À/ Les raisons : rendre les femmes plus productives et dépendantes 

Dans l’État du Maharashtra, au centre de l’Inde, d’immenses entreprises agricoles de canne à sucre engagent des ouvrières pour travailler dans leurs champs. Durant 6 mois, d’octobre jusqu’au printemps, ces femmes et leur famille prennent la route, devenant quasi-nomades et enchaînant les différentes exploitations.  

 

Les conditions sont misérables. Cet emploi est vital. Pas de contrat, pas de protection sociale, pas de médecine du travail. Les mukadams, les agents recruteurs, se montrent exigeants. À leurs yeux, certaines ouvrières manquent de rapidité et de productivité… 

 

Carte Inde

Pour les grands patrons, l’indisponibilité de ces ouvrières, majoritaires dans ces exploitations agricoles, constitue un véritable problème à contourner. Pour les familles, le manque à gagner pèse lourd : en période de maternité, les femmes deviennent inaptes, ce qui représente une perte conséquente pour le ménage. En cas d’absence nécessaire liée à des complications gynécologiques, un jour de travail perdu leur vaut des amendes sévères et des pressions insupportables. La misère guette, la survie dépend de ce travail de forçat.

 

Alors, comment imposer à ces ouvrières une productivité constante et régulière sans l’entrave des grossesses à répétition ? La solution fut trouvée : une hystérectomie totale qui garantit la fin des règles et la stérilité définitive. 

B/ Le mode opératoire : des femmes flouées et abusées

Ces femmes travaillent 10 à 16 heures par jour et se déplacent d’exploitation en exploitation durant la saison des coupes qui s’étalent sur 6 mois. Pas de sanitaire, des conditions d’hygiène inexistantes, elles vivent sous des tentes précaires. Les périodes de règles représentent une difficulté et une fatigue supplémentaires. Les maternités deviennent un enfer. À 25 ans, elles ont déjà plusieurs grossesses derrière elles, et l'absentéisme, en cas de grossesse, est fortement pénalisé. 

 

Incultes, elles sont des proies faciles face à des médecins véreux. Illettrées, ces femmes ne savent rien de leur anatomie et ne que peu de choses à la sphère génitale. Ces gynécologues les convainquent sans difficulté qu’une ablation de leur utérus représente la meilleure des solutions. Plus de règles, plus de grossesse, et donc, davantage de productivité. Tout le monde y gagne, le producteur, le médecin et l’ouvrière. Du moins, en apparence. Car il y a toujours un perdant. Ici, une perdante

 

En effet, le médecin, travaillant dans des cliniques privées, perçoit une rémunération conséquente pour réaliser cette opération. De son côté, l’exploitant profite d’une ouvrière plus disponible et rentable. Quant à cette pauvre femme, elle s’endette pour des années afin de rembourser les frais de l’intervention. Pas de sécu ! Et qui est le généreux prêteur ? L’employeur, bien sûr ! Il génère ainsi un double profit : une travailleuse plus présente, tombée dans la spirale de l’endettement, dépendante de lui, et qui lui reverse la somme empruntée avec des intérêts conséquents ! 

 

Ces travailleuses ne possèdent pas de dossier médical, pas de preuve de l’opération et ne peuvent fournir un consentement éclairé. Aucune réparation n’est possible à ce genre d’intervention, le suivi médical en cas de complication est inexistant… Aujourd’hui, certaines associations tentent de les soutenir, car, depuis ce scandale à éclaté au grand jour, mais elles ne peuvent que constater les dégâts : ces femmes de 25/30 ans en paraissent 50 ! Dans certaines contrées indiennes, près de 35 % des femmes n’ont plus d’utérus avant même 30 ans

 

 

 

🌐Lisez, la ménopause à travers le monde ! 

 

 

 

2 L’hystérectomie : une ménopause précoce en conséquence 

A/ Qu’est-ce qu’une hystérectomie ?

L’hystérectomie consiste en l’ablation de l’utérus. Cette intervention chirurgicale enlève l’utérus et parfois, une partie des autres organes génitaux internes, comme les trompes ou les ovaires. Elle est généralement pratiquée chez des femmes de plus de 50 ans. 3 % des femmes indiennes y ont recours. 

 

Elle est habituellement consécutive à différentes pathologies : endométriose (adénomyose), prolapsus génital, certains cancers… Cette dernière cause est également brandie devant des femmes indiennes les plus réticentes : le risque d'une tumeur finit de les convaincre de passer sur le billard. 

Appareil reproducteur féminin

 

D’autres circonstances peuvent amener cet acte : parfois, lors d’une complication au cours de l’accouchement, cette intervention peut s’avérer nécessaire et vitale pour la mère. 

 

Cette opération s’effectue sous anesthésie générale. L’ablation de l’utérus entraîne une stérilité évidente et irrémédiable. En Europe, pour certaines patientes, l’acceptation de ce nouvel état demande un accompagnement psychologique, surtout quand elle intervient à une période où l’idée d’avoir un enfant n’est pas abandonnée.  

 

L’opération est réalisée par voix basse (vaginale), par voie abdominale (laparotomie) ou par cœlioscopie. Selon le mode opératoire et les organes enlevés, les suites opératoires varient. 

 

Les risques vont d’une phlébite ou embolie pulmonaire, des risques infectieux, hémorragiques et des infections des plaies d’organes qui entourent la zone. 3 à 5 % des patientes opérées subissent ce genre de complications. 

 

Il s’agit, vous l’avez compris, d’une solution radicale, irréversible, quand toutes les autres ont échoué. En Inde, bien évidemment, rien n’est tenté pour limiter les grossesses : pas de contraception ou d’informations sur la procréation. L’ignorance des femmes est à l’avantage des hommes. Il en va ainsi depuis la nuit des temps. 

 

B/ Les conséquences de cette ménopause précoce sur le corps des femmes 

Ces femmes indiennes, ayant subi une ablation de l’utérus avant 30 ans, en paraissent 20 de plus ! Certes, elles n’ont plus de règles, plus de grossesses non désirées, plus de syndromes prémenstruels. 

 

Cependant, ces pauvres ouvrières souffrent des symptômes climatériques, que nous connaissons bien : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, insomnies, douleurs musculaires et articulaires… Hé oui, elles ne produisent plus d’œstrogènes, elles sont en ménopause précoce. À 25 ans ! 

 

Ainsi, leurs visages se flétrissent, les faisant paraître 20 ans de plus. Elles subissent une ostéoporose précoce ainsi que davantage de problèmes cardiaques. Abusées, sans aide ni traitement hormonal pour compenser, leurs corps soumis aux fortes chaleurs et à un travail harassant ne résiste pas longtemps. 

 

Victimes des hommes avides, profiteurs de leurs corps et de leur force de travail, ce scandale met en lumière non seulement les abus dans les plantations, mais aussi les défaillances systémiques du secteur de la santé en Inde, où les droits et la dignité des femmes rurales sont largement négligés. Comme souvent ailleurs !

 

3 Les leçons à en tirer, pour nous femmes occidentales
 

A/ La ménopause accroit le processus de viellissement 
 

Au-delà de notre devoir de soutien envers ces travailleuses indiennes, et de l’horreur de l’exploitation encore actuelle des femmes par les hommes, elles nous offrent la triste preuve que ce n’est pas la vieillesse, du moins pas uniquement, qui nous flétrit si rapidement à partir de 50 ans. 

 

Ces jeunes femmes paraissent 20 ans de plus ! Ouvrons donc les yeux sur la ménopause. Car c’est bien elle la coupable, de tous ces mots qui accompagnent la cinquantaine. Non, la vieillesse n’est pas la seule responsable de tous ces désagréments. C’est bien la chute de nos hormones, la disparition des œstrogènes qui active le mécanisme d’usure de notre corps : elles ne protègent plus notre organisme.  

 

Fervente adepte du THM, le traitement hormonal de la ménopause, j’entends déjà celles qui soutiendront l’idée que la ménopause est un processus naturel, qu’elles choisissent de vieillir sans aide hormonale, etc. La preuve en est, aux dépens de nos jeunes sœurs indiennes, que la ménopause entraîne une dégénérescence prématurée, même à 25 ans, que l’âge n’est donc pas le seul en cause. 

 

Sur un corps déjà flétrit par le temps, par une vie de travail et quelques grossesses, l'accelération du vieillissement lié à la ménopause ne choque pas. Tout au plus, un ami qui ne vous aurait pas vue depuis quelques années se dirait," elle a pris un coup de vieux !" Mais sur un corps jeune, l'impact de la chute des hormones est catastrophique. Cette chute hormonale produit les mêmes effets sur un corps de 50 ans, mais de façon plus sournoise car moins évidente.  

 

B/ Ne plus supporter une ménopause anachronique 

Notre organisme a peu évolué depuis le néolithique, époque où les humains mourraient plus jeunes :

–  il fallait alors presque deux naissances pour créer un adulte tant la mortalité infantile était importante ;

–  les femmes subissaient des maternités à répétition car la contraception n'existait pas ;

– la plupart d'entre elles ne connaissaient pas le temps de la ménopause, car décédées, bien avant d’atteindre la cinquantaine. 

 

Par ailleurs, les femmes matures qui survivaient se cantonnaient au rôle de grand-mère, gérant les petits enfants, et laisssant les difficiles corvées aux jeunes adultes, alors libérés de la garde des plus petits. La charge de travail diminuait ainsi, leur corps déformé par de nombreuses grossesses ne suscitait plus le désir du conjoint. Dès 45 ans, elles entraient dans la dernière période de leur vie. 

 

Or, notre société a évolué depuis, mais pas notre anatomie, qui reste identique à celle des temps préhistoriques ! Actuellement, nous vivons plus longtemps ! À 50 ans, la plupart d'entre nous sommes encore en activité pour de longues années, avons de jeunes enfants à la maison, sommes encore actives sexuellement... Les progrès de la medecine préservent notre corps et notre esprit. 

 

La période ménopausique occupe, de nos jours, un tiers de notre vie. Alors, donnons à notre organisme un petit coup de pouce hormonal, en attendant qu’il évolue et soit en adéquation avec notre époque, pour supporter cette nouvelle étape de la vie des femmes ! Arrêtons de minimiser nos souffrances et de subir sans réagir ! 

 

 

Encore une fois, les femmes sont les victimes de l’avidité des hommes (pas de tous, bien sûr !) ! Si certaines n’ont pas les moyens de s’en défendre, nous pouvons tenter d’agir, ici en France et en Europe.

 

En refusant de subir une condition féminine, souvent injuste. En agissant pour combattre le sexisme et les tabous sur la féminité. En transmettant les connaissances sur le corps féminin et donc sur la ménopause, à nos compagnons, fils et filles. En des-objetisant le corps des femmes. En arrêtant de supporter docilement l’insupportable, sous prétexte que « la ménopause, c’est naturel ». Je peux vous assurer que si la ménopause impactait directement les hommes, cela ferait longtemps qu'un traitement efficace existerait ! 

 

Parlez, transmettez, expliquez, faites tomber les tabous. Pour vous, et pour ces femmes, ailleurs, qui n’ont pas le droit à la parole. Nous ne pourrons pas tout changer, mais faire évoluer les mentalités, un peu… Essayons !

 

Au fait, ayez une pensée pour nos sœurs indiennes, lorsque vous boirez une canette de soda, pour vous rafraîchir de vos bouffées de chaleur. Coka et Pepsi achètent leur sucre dans l’État du Maharashtra, celui où sont recrutées et exploitées ces jeunes femmes sans utérus.  

 

Namasté !

 

 

 

 

 

Quelques sources:

 

 

https://www.courrierinternational.com/video/video-dettes-hysterectomies-en-inde-l-exploitation-des-petites-mains-de-l-industrie-du-sucre

 

 

Oxfam, note d’information février 2013

 

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