La ménopause triomphante
Le blog d'une quinqua libérée et un peu... zébrée !
Avec l’apparition de la ménopause, le désir sexuel connaît des bouleversements, le plus fréquemment à la baisse. Les hormones et les changements psychologiques modifient les envies, et souvent un sentiment de culpabilité envers le partenaire apparaît. Une dysharmonie sexuelle émerge, que la parole ne parvient pas toujours à réparer.
S’il existe heureusement des solutions à cette baisse de libido chez la femme ménopausée, la sexualité du couple repose parfois sur des concepts anciens et archaïques qu’il convient de dépoussiérer et d’éclaircir : devoir conjugal, communauté de lit…
Depuis peu, le consentement émerge pour distinguer ce qui relève d’une violence sexuelle, dissimulée sous des convenances, ou d’un rapport sexuel accepté. Cette notion nécessite quelques explications auprès des anciennes, et surtout des anciens, car le consentement, à tout âge, même à la ménopause, reste un préalable indispensable à tout rapport sexuel épanouissant.
Sommaire
1 Le consentement, un concept récent
A L'histoire du consentement
B Le fameux devoir conjugal, encore en vogue
2 La définition du consentement, à tout âge, même à la ménopause
A Le consentement se voit, une manifestation explicite
B Le non-consentement, une manifestation parfois implicite
3 Le consentement sans désir, mais avec plaisir
A Un oui, sans désir, c'est possible !
B La différence entre le manque d'envie sexuelle et le non-consentement
C L'envie de faire plaisir ou pression de l'autre ?
D Devenir responsable de sa sexualité et de ses pulsions
4 La sexualité épanouie, des plaisirs solitaires ou partagés
A Une sexualité solitaire : les pusions animales
B Le désir de l'autre : faire l'amour
C La communication pour une sexualité épanouie
OUI
NON
Soyons à la mode et parlons de consentement. Pour les femmes en ménopause ou en passe de l’être en 2024, c’est-à-dire celles nées autour de 1970/80, l’idée de consentement n’est pas toujours très claire. Pire encore pour leur partenaire.
Et pour cause. De l’Antiquité au 20e siècle, le consentement féminin n’existe pas. En cas de viol, la culpabilité de la femme est même attestée, surtout si elle ne se débat pas "suffisamment".
En 1810, le viol apparaît dans le Code pénal. Il n’est effectif qu’en présence "de témoins, de pénétration et de résistance de la part de la victime". Autant dire, qu'il n'est jamais reconnu.
Il faudra attendre 1980 pour qu’enfin l’idée de "consentement" soit clamée par la loi. En clair, on accepte enfin l'idée qu'une demoiselle "qui se laisse faire", qui ne se débat pas assez, n'est pas pour autant consentente : la peur et l'état de sidération expliquant parfois la passivité des victimes.
En clair, jusqu'alors, le corps de la femme était en quelque sorte "disponible" pour ces messieurs, sauf si elle disait non, en se débattant. Alors qu'il s'agirait de voir les choses dans l'autre sens : le corps de la femme n'est pas disponible, sauf si elle dit oui, explicitement ! Il ne viendrait à personne de prendre la voiture de quelqu'un, sans son consentement (sauf les voyous). Et bien, cela semblait permis, concernant le corps des femmes ! On pouvait le prendre, tant qu'elle n'avait pas dit non, tant qu'elle ne se débattait pas ! Car dans ce cas, son silence, ou sa non-réaction, signifiait qu'elle était d'accord !
Le viol conjugal, lui, commence à être reconnu, seulement en 1992 !
Ainsi, abreuvées, éduquées par l’idée de notre responsabilité vis-à-vis du désir masculin, nombre d’entre nous ont cédé, n'osant dire non, à l’époque, ou plus tard, aux demandes pressantes de notre premier amant ou des suivants. Nous l’avons fait, ou le faisons encore, sans vraiment le désirer. Pour faire comme les autres, pour qu'il reste, pour qu’il ne se moque pas de notre pudeur devant ses potes, pour ne pas passer pour une frigide, pour éviter ses colères, ses bouderies, sa mauvaise humeur, ou pire, ses coups.
Par ailleurs, nous avons été élevées par des femmes, la plupart du temps, au foyer, soumises à leur époux et donc, au devoir conjugal implicite. À notre tour, suivant le modèle, nous sommes parfois dociles devant les appétits de notre conjoint, considérant son érection flatteuse ou par crainte de voir une autre le satisfaire et l’éloigner de nous.
Son désir est devenu "notre" problématique, que nous avons appris à gérer, au mieux.
Puisque nous attendons de lui une fidélité pleine et entière, puisqu'il se prive, pour nous, de toutes les autres et des plaisirs qu'elles pourraient lui offfrir, il nous faut compenser ce à quoi il renonce. Certes, il est souvent charmant et nous gâte, assume ses devoirs de père avec tendresse. Cependant, combien de fois avons-nous cédé, sans réelle envie, sans réel consentement ?
🔆Lisez, Questions de sexualité à la ménopause
De ces ébats, pas vraiment consentis, durant lesquels nous sommes restées honteusement passives, émergent quelques comparaisons douteuses, qui n'amusent que leur auteur : « Tu fais la planche, l’étoile de mer…».
Cependant, soyons réalistes : une femme qui ne s’implique pas dans l’acte sexuel est une femme qui ne veut pas, donc, qui ne consent pas. Faire l’amour par crainte de perdre l’autre, de le voir contrarié et coléreux, par pitié, en se disant « le pauvre, il a envie », c’est "se contraindre". Accepter une relation sexuelle sous la pression, l'insistance, ou la peur, c'est ne pas consentir. L’acte sexuel contraint est assimilé par la loi… à un "viol". Choquée ?
Quelques explications s’imposent. L’idée de consentement repose sur celle de volonté. Il s’agit de donner son accord, ou sa permission, de façon :
- Libre et consciente : avoir plus de 15 ans, ne pas être sous l'effet de drogues ou d'alcool, ne pas être contrainte (peur, culpabilité ou tout autre pression), ne pas être malade ou endormie.
- Éclairée : il/ elle ne doit pas dissimuler des intentions que l'autre ne souhaite pas. On sait ce que le partenaire fera ou pas, avant de s'engager.
- Spécifique : on peut être d'accord pour certaines choses, mais pas forcément pour tout. On pose des limites.
- Réversible : on peut retirer son consentement à tout moment, même au milieu d'un rapport, si une douleur survient, par exemple. Monsieur doit être capable de s'arrêter, même à quelques secondes de l'éjaculation. Hé oui !
- Enthousiaste : dire oui, de façon explicite et sans équivoque. En parlant. Ou par un comportement qui exprime l'envie : l'embrasser, se coller encore plus contre lui, onduler sous son corps ou gémir de plaisir, sont des expressions explicites de notre accord. Pas besoin d’un long discours ou de signer un contrat !
À l'inverse, le laisser entreprendre puis rester de marbre, ne pas gémir, ne pas répondre à ses baisers signifie ne pas donner son accord. Donc, ne pas consentir. Il n'y a pas d'enthousiasme à ne rien faire !
Pourtant, devant notre passivité, quand nous faisons l’"étoile de mer", face à notre manque de réaction, notre partenaire comprend le contraire. Il pense que nous sommes d’accord puisque nous ne nous opposons pas.
Or « céder n’est pas consentir », expression issue du procès retentissant Tonglet-Castellano (1978). Soyons honnêtes, nous n’osons pas dire non, explicitement !
Pourtant, ce manque de réactions revient, aux yeux de la loi à ne pas consentir ! Le laisser faire et attendre qu'il termine... Vous connaissez ? Or, pas de gestes, pas de paroles qui manifestent explicitement un consentement doivent s’interpréter comme un "non".
Cette notion est à expliciter auprès de nos partenaires qui en sont encore à l’heure du « qui ne dit mot consent ». On ne peut les accabler. La responsabilité revient à leur éducation et à leur manque de connaissances sur la question. Informons-les donc ! Idem : une petite gâterie afin d'avoir la paix, revient à se forcer, à se contraindre… donc à ne pas consentir.
Cette notion est récente et encore difficile à appréhender, même pour les femmes. La loi sur le viol ne date que de 1980 ! Avant, une femme qui ne réagissait pas était forcément consentante. Elle devait alors prouver le contraire.
Par ailleurs, consentir à une caresse ou à une pratique ne signifie pas que l’on consent à tout et n’importe quoi. Monsieur doit conserver suffisamment de maîtrise pour s'arrêter et modifier son attitude si Madame manifeste sa désapprobation, lors d’un comportement déplaisant au cours de la relation sexuelle.
Des études précisent que le nombre de rapports sexuels est identique chez les femmes avant et après la ménopause. Pourtant, toutes s’accordent à dire que le désir est moindre après l’arrêt définitif des règles. Les femmes continuent donc de faire aussi souvent l’amour, alors que le désir s’amoindrit. Quid ?
Permettez, cependant, que je nuance mon propos. Reconnaissons le plaisir, que nous avons, parfois, à nous offrir à notre amoureux. L’orgasme n’est pas toujours au rendez-vous, et cependant, nous apprécions de nous donner à lui, de nous sentir désirée, et de lui faire plaisir. Ses caresses, son empressement et ses baisers nous comblent alors, et suffisent à notre bonheur du moment.
Faire l’amour à un homme permet de se rapprocher de lui, de lui témoigner notre affection et de partager une intimité nécessaire à l’harmonie de notre relation. Dans ce cas, le consentement est bien réel, même s’il n’y a pas de désir, ni d’orgasme. Le plaisir est affectif et psychologique.
Se donner volontairement, vouloir lui faire du bien, gratuitement, sans peur, ni dégoût, ni contrainte, c’est consentir. Notre corps s'accorde au sien, notre respiration s'accélère, l'humour et les mots tendres s'invitent... La sérénité et la complicité imprègnent l'instant.
À l'inverse, faire l’amour sans plaisir, dans la crainte ou le dégoût, et parfois la douleur, ne s'apparente pas à un consentement. Idem si celui-ci s'obtient par la force, la manipulation ou la pression psychologique (situation d'emprise !)
En résumé, il faut donc distinguer l'envie sexuelle, au niveau du corps, et le consentement de l'esprit :
Car, pour une femme, comprendre son envie relève parfois de l’exploit.
Distinguer l’envie de le combler (avec consentement), de l'abdication pour avoir la paix (avec contrainte), ressemble à avancer la nuit par temps de brouillard. Pouvez-vous affirmer avec certitude n'avoir jamais confondu votre désir avec celui de stopper la pression qu'il exerçait sur vous ?
Une grande dose de lucidité s’impose, surtout quand le désir arrive au cours du rapport. "Je ne voulais pas puis finalement, j'y ai pris du plaisir, alors autant se forcer un peu !" Si l'envie est absente, s’en référer à son ressenti et à ses émotions semble être un signal sûr, avant de s'engager dans un rapport sexuel.
Des sensations indiquent que nous sommes consententes, malgré la fatigue ou le manque de désir : bonne entente avec le partenaire, envie de contact, liberté de dire oui, humour, sérénité, ambiance favorable, désir de le combler, gentillesse, douceur, joie, sentiment d'être considérée par l'autre, enthousiasme, séduction...
À l'inverse, un sentiment d'être abusée, l'impression qu'il/elle se moque de notre ressenti, qu'il n'écoute pas nos propos, un dégoût, une peur, une angoisse, une lassitude, une douleur, une mauvaise entente, un manque de complicité, de la rancune... indiquent explicitement notre non-consentement.
Retenons qu’une compagne n’a pas à satisfaire les désirs de son compagnon. Elle n’est pas venue au monde pour cela ! La femme n’a pas à endosser la responsabilité de la sexualité de son partenaire, au prétexte qu’elle attend de lui sa fidélité.
Si l’homme souhaite que nous lui offrions du sexe, nous attendons également beaucoup de lui : de la complicité, de la douceur, de l’intelligence, de la subtilité, des abdos de marbre, des fessiers rebondis, de la culture… Qu’il apprenne donc, comme nous, à se passer de ce que l’autre n’offre pas en quantité suffisante ! Et toc !
L’autre n’est pas là pour satisfaire tous nos caprices. Les fantasmes, servent à cela ! On ne peut pas tout avoir ! Choisir c'est renoncer !
Car faire l’amour est une rencontre entre deux personnes imparfaites et incomplètes, qui partagent ensemble une communion, une fusion et d’agréables sensations. Il n’y a rien de plus beau que l’amour consenti !
Alors, comment faire coïncider deux sexualités différentes, en rythmes et en désirs ? Sans culpabilité, rancœur, ou sentiment d’abandon.
Je crois que chacun d’entre nous a deux sexualités. L'une en couple (ou trio, quatuor...), l'autre en solitaire. Voyons voir !
Nos pensées érotiques, remplies de pulsions, alimentées de fantasmes, de désirs non assouvis dans la réalité, génèrent des envies parfois envahissantes. Ces envies sexuelles se situent dans le corps. Conscients de leurs contours parfois dangereux, impudiques, irrespectueux, immoraux ou honteux, nous les refrénons, souvent, au plus profond de nous.
Cependant, elles grouillent dans nos entrailles, nous réveillent la nuit ou surgissent au détour d’une rêverie. Et nous appelons cela « désirer l’autre » ? Foutaise ! Soyons honnêtes, bien souvent, il ne s’agit que de pulsions scabreuses et animales.
Nul besoin d’en avoir honte : elles sont normales et communes à chacun. Notre conjoint n’a pas à les connaître ou à en subir les effets, sauf s'il en manifeste le désir. Seuls, nous devons et pouvons, nous accorder des temps, pour évacuer ces quelques pulsions envahissantes. Je parle bien de masturbation.
À chacun sa méthode : imagination, lectures coquines, films pornographiques (éthiques), jouets sexuels, sex-shops, voire libertinage (si le conjoint l’accepte)…
On peut également décider d’une partie de "sexe pour le sexe", avec son partenaire : de la masturbation à deux, en quelque sorte. Pourquoi pas, si c’est consenti ! Jeux sexuels, mises en scène,"petit coup rapide", sexe oral...L'imagination des couples est parfois débordante et laisse place à une grande complicité.
Bref, à chacun de prendre en main "sa" sexualité et "ses" pulsions, mais sans l’imposer à l’autre ni le trahir.
Les femmes, depuis toujours, ont appris à gérer leurs pulsions et orgasmes sans l'autre sexe. Devant l'indifférence masculine face au plaisir féminin, il leur a fallu s'auto-gérer avec des jouets sexuels ou d'autres méthodes. Sur ce plan là, les hommes ont bien du retard, eux qui n'envisagent leur plaisir qu'à travers le corps d'une femme. Or, un vagin n'est pas un objet sans âme et disponible selon leurs envies : ils doivent, donc, apprendre à gérer leurs pulsions, seuls. Les sex-toys, et autres solutions pour hommes se multiplient en ce sens.
Et puis, il y a ces moments de rencontre avec un partenaire, ce qu’on appelle faire l’amour. C'est lui (elle) que l'on veut, pour le re-découvrir, pour jouir de lui (d'elle), avec lui (elle) pour créer du lien, ne serait-ce qu'un instant. Son plaisir nous importe, on veut qu'il (elle) nous désire, on veut sa chaleur, son odeur, son orgasme...
Cette rencontre est heureuse, épanouissante, comble un besoin, plus qu'une envie. La pulsion sexuelle (du corps) se confond avec l'envie du coeur et de l'esprit.
Le temps suspend son vol, durant lequel l’esprit et le corps des deux individus se retrouvent, avec pour idée le plaisir des deux personnes (et pas l’assouvissement d’un seul) : le jeu, la complicité, la redécouverte de l’autre, la jouissance affective ou purement sexuelle. Qu’importe, si c’est délicieux.
Des discussions sur les désirs de chacun, sur le ressenti peuvent avoir lieu avant l’acte, mais Mesdames, sachez que la relation sexuelle s’arrête quand les « deux » partenaires sont satisfaits, et pas quand Monsieur a éjaculé ! Le rapport ne se résume pas à "sa" jouissance, à lui !
Mais il ne peut le comprendre seul. En ce sens, la rancune ne sert à rien. En explorant vos propres désirs, en investissant sur vous-même pour mieux vous comprendre, vous serez à même de lui expliquer ce qu’il doit faire pour vous permettre de parvenir, tout comme lui, à l’orgasme. Arrêtez de sacrifier votre bonheur sur l’autel de sa divine personne d’enfant gâté !
En résumé, aucune femme ne doit se forcer à accomplir l’acte sexuel, et si elle y consent, c’est afin d’obtenir, tout comme son partenaire, du plaisir, qu’il soit sous forme d’orgasme ou de communion avec lui. À bon entendeur !
🔆Lisez, La ménopause : le deuil du moi narcissique
Ainsi, en cas de baisse de libido ou d’inconfort vaginal durant la ménopause, Madame n’a pas à compenser par des gâteries ou à s’obliger à faire l’amour. Si elle l'accepte, elle doit y consentir, pleinement, sans culpabilité ou pression, sans céder à des avances insistantes et déplacées, sans crainte d'être trompée.
Monsieur doit comprendre et accepter de prendre en main "sa" sexualité, comme le grand garçon qu’il est, et accompagner Madame dans ses troubles. Elle a besoin de temps pour se retrouver, pour appréhender ce qu’elle traverse et travailler à améliorer sa sexualité, sans culpabilité et en confiance avec lui.
Mais afin que Monsieur comprenne, Madame doit lui expliquer ce qu'elle ressent ou désire, sans lui reprocher son empressement (si celui-ci reste respectueux ! ). Car seul, il ne peut percevoir les difficultés rencontrées lors de la ménopause, tout simplement parce qu’il n’est pas né femme. Le dialogue, la bienveillance et la tendresse sont les meilleurs moyens pour qu’il y parvienne et accepte de se "gérer" , sans la trahir, pendant que Madame apprivoise sa nouvelle sexualité, pré ou post-ménopausique, et revienne à lui, pleinement consentante.
Il a, sans doute, également besoin de temps pour s'adapter. Mais s'il ne veut accomplir des efforts, il ne vaut peut-être pas la peine de s'attarder.
L’avis d’un sexologue s’avère d’une aide précieuse, pour vous permettre de dépasser cette étape parfois compliquée.
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