La ménopause triomphante
Le blog d'une quinqua libérée et un peu... zébrée !
La ménopause incarne à la fois un phénomène physiologique et social. Sur le plan physique, elle correspond au stade de la vie d’une femme durant lequel elle cesse d’avoir ses menstruations et devient incapable de concevoir naturellement un enfant.
Cependant, cette étape représente également un changement social en raison des implications qu’elle a sur la vie des femmes et de la manière dont la société perçoit et traite la ménopause.
En Europe, elle est souvent comparée à une maladie qu’il faut traiter, car elle retire à la femme sa féminité, symbolisée par la jeunesse et la beauté. Ce constat fragilise encore de nombreuses femmes.
Or, ailleurs, sur d'autres continents, la société propose une autre image de cette période. Voici quelques points qui illustrent la ménopause à travers le monde.
Durant le moyen-âge, la femme n'atteignait pas toujours l’âge de la ménopause, usée par le travail domestique à la ferme et les maternités à répétition. QUand cela arrivait, elle assumait alors, son rôle de grand-mère, de sage conseillère, ce qui la valorisait et lui donnait un pouvoir important dans la société.
Avec l’augmentation de la durée de vie, les femmes accèdent en masse à ce stade étrange : au 18e siècle, il devient un "phénomène" et apparaît alors dans les manuels de médecine, avec son lot de traitements médicaux. Car, à cette époque, la fin de la fertilité et ses désagréments sont perçus comme une maladie qui trouverait son origine dans une explication "technique". En effet, puisque la femme n’évacue plus son sang, elle est en « surchauffe », elle n’expulse plus ses "humeurs", cela a logiquement des incidences sur sa santé et justifie les maux dont elle souffre.
Au 19e, lorsque les connaissances sur les hormones apparaissent, cette baisse d’œstrogènes signifie forcément un manque, une pénurie à combler, une dégénérescence, bref, le début de la vieillesse. Cette vision de la ménopause évoluera peu jusqu’à nos jours.
Car en Occident, la féminité passe par la jeunesse, la fertilité et la beauté. Ces standards inculqués par notre culture ajoutent des difficultés à cette étape psychologique, compliquée à traverser pour beaucoup de femmes. Dès 40 ans, les premiers signes nous parviennent : la femme perd de sa valeur ! Elle est déjà trop vieille pour enfanter sans risque !
Ce déclassement apparaît bien plus abrupt et rapide que pour les hommes. D’autant que la société nous renvoie l’idée que la décrépitude de la femme doit être contrée par tous les moyens : chirurgie, médicaments, traitement hormonal, crème antirides… Il faut chasser ce mal ! Vision très réductrice de cette période, vous en conviendrez !
S’il ne s’agissait que du confort de la femme, nous pourrions louer cet impératif de jeunesse. Cependant, nous savons bien que ce n’est pas la première préoccupation de ceux qui nous l’imposent. Ainsi, représentées comme la fin de notre sensualité, de notre libido, de notre séduction, voire de nos compétences, nous voilà en quelques années relayées au rang de rombière périmée et de mégère frustrée.
Les charognards industriels y voient une source de revenus inépuisable : la quête de la jeunesse éternelle a fait perdre la tête et les économies à plus d’une d’entre nous. Abreuvées de croyances artificielles et illusoires, que ne ferions-nous pas pour plaire encore et conserver notre fraîcheur ?
Car celles qui s’y refusent, et qui renoncent ainsi aux promesses des gourous de l’apparence, sont montrées du doigt. Ainsi, les cheveux gris s’interprètent comme un signe de négligence, les rides telles des marques de fatigue, et l’embonpoint comme l’abandon définitif de la féminité. En Europe, la ménopause devient une pathologie, une dégénérescence voire une malédiction !
🔅Lisez, Le consentement à tout âge
La perception de la ménopause en Asie peut varier en fonction des civilisations, des traditions et des croyances de chaque pays. Dans les cultures traditionnelles, les villages reculés ou les sociétés qui gardent une attitude positive envers les savoirs anciens, la sagesse et l’expérience, associées à cette étape de la vie, sont valorisées. À l’inverse, dans les villes modernes, les femmes commencent à subir les mêmes difficultés et injonctions que les femmes occidentales.
Conventionnellement, les femmes asiatiques accordent moins d’importance à la ménopause. D’ailleurs, ce mot n’existe pas. On parle plus volontiers de kônenki, qui signifie changement de vie, vieillissement général, second printemps, bref pas vraiment de terme propre. Cela en dit long ! Pour celles qui ne sont pas encore trop influencées par la culture occidentale, ce n’est qu’un passage qui ne mérite pas d’attention particulière.
Et pour cause, les femmes asiatiques semblent moins souffrir de la ménopause que les Européennes.
Seulement 10 % de Japonaises disent subir des bouffées de chaleur contre 75 % des Européennes.
Diverses raisons peuvent expliquer cela :
D’autres raisons peuvent expliquer ce moindre mal :
Cependant, dans les villes ou les pays les plus occidentalisés, une pression sociale se développe pour maintenir une apparence de jeunesse et de vitalité, tout comme en Occident. Comme chez nous, les femmes se voient imposer des attentes et des injonctions spécifiques durant cette période.
Les données sur la ménopause en Afrique restent parcellaires. Les femmes, qui plus est, africaines, furent longtemps ignorées des recherches. Le manque de connaissances et les tabous demeurent, surtout en Afrique Sub-saharienne.
Les croyances et mythes impriment à cette période beaucoup de mystères et d’incertitudes. S’ajoute la religion, qui influe également : polygamie, mariage précoce, société patriarcale poussée à l’extrême (sanctions physiques, excisions…). La féminité, souvent bafouée, génère bien des hésitations et des non-dits. Bref, il est difficile d’avoir une vision d’ensemble homogène.
Les femmes sont généralement mal informées de cet état nouveau, et communiquent peu sur la question.
L’accès aux soins de santé ne va pas de soi dans toutes les communautés, et lorsque la fin de la procréation arrive, encore moins.
Souvent, les médecines traditionnelles prennent le relais avec leur lot de mysticisme.
La ménopause semble plus précoce chez l’Africaine que l’Européenne : en moyenne, elle intervient à
45 ans. Néanmoins, elle consulte peu pour ces symptômes, adoptant plutôt une attitude résignée. Par ailleurs, la pudeur règne. Il semble pourtant qu’elle n’échappe pas aux souffrances et que les problèmes sexuels se manifestent, mais chut !
Cependant, d’une façon générale, le nombre des années accorde de l’importance aux personnes. Par définition, la femme ménopausée gagne en sagesse et en écoute aux yeux de la société. Ici, comme en Asie traditionnelle, la fin des règles ne revêt pas systématiquement un aspect négatif : au contraire, dans certaines régions africaines, la femme change de statut.
Au Cameroun, on disait que « la femme ménopausée devient un homme », accédant ainsi à certains avantages qui lui étaient jusque-là interdits. Ainsi, en Ouganda, en Éthiopie ou chez les Zoulous, la femme ménopausée acquiert autorité et pouvoir. Elle monte en grade, s’occupe des enfants des autres, et développe de multiples rôles. La vie de la femme ne se limiterait donc pas à la procréation. Ah bon ?
Pour les musulmanes, la fin de la fertilité est vécue avec ambivalence. Redoutée pour certaines, car l’homme qui souhaite d’autres enfants peut choisir de répudier son épouse inféconde, pour en choisir une autre plus jeune. C’est parfois pour d’autres, la libération des « corvées sexuelles » avec un époux imposé depuis leur plus jeune âge. Ailleurs, certaines en profitent pour se rapprocher de la religion, et d’une certaine manière d’elle-même. Les périodes d’impuretés deviennent inexistantes, jeûnes et prières peuvent se pratiquer sans arrêts mensuels.
Mais comme partout ailleurs, le culte de la jeunesse s’invite et grandit dans toutes les sociétés africaines. L’évolution des cultures qui s’industrialisent et entrent dans la consommation de masse, remet en cause la vision ancestrale de la ménopause. Elle tend à devenir comme en Europe, un problème pour les femmes, en même temps que leurs droits progressent. Quel paradoxe !
Si la ménopause en Occident est considérée comme le début de la décrépitude, cette étape de la vie féminine n'apparaît pas aussi négative, ailleurs dans le monde, selon les sociétés. Une enquête sur un sujet universel !
🔆Lisez Le traitement hormonal de la ménopause ou THM
Partout dans le monde, le jugement de la société sur les femmes ménopausées, s’impose comme tyrannique. Cette étape, autrefois socialement acceptable dans la plupart des civilisations, devient aujourd’hui compliquée, avec la culture de la consommation dans laquelle la jeunesse s’achète à tout prix.
C’est pourquoi, il est essentiel, de combattre ces préjugés stupides que subissent les femmes, relayés par les médias, lors de la ménopause.
Refusons cette « ménopause sociale* » générées par les sociétés modernes, qui fait de nous une personne hors du circuit de la séduction, contrairement aux hommes, qui eux, en même temps « gagnent en maturité ».
En Occident, cette mise à l’écart sociale, qui précède souvent la ménopause physique, fait bien plus de mal. Ainsi, du point de vue du retour d’âge féminin, manque de bol pour vous, si vous êtes née dans le coin ! La ménopause, ce n’est pas glamour, par chez nous ! À nous de changer ce constat et de rendre cette période triomphante. La ménopause à travers le monde, offre des enseignements à notre culture soit-disant, moderne.
*Terme emprunté à Yvonne Verdier, repris par Cécile Charlap, auteure de « La fabrique de la ménopause »
(Évidemment, cet article se veut général. Il existe tant de spécificités selon les ethnies, les régions et les cultures locales que leur énumération serait impossible. Je n’ai donc mentionné que les grandes lignes. Je vous recommande quelques lectures, citées ci-dessous qui ont alimenté ma réflexion et nourri mes connaissances. Cet article, ci-dessus, n’est qu’un succinct et incomplet aide-mémoire.)
Quelques sources :
Cécile Charlap, auteure de « La fabrique de la ménopause »
https://www.persee.fr/doc/jafr_0399-0346_2003_num_73_2_1345
http://www.santetropicale.com/sites_pays/actus.asp?id=28823&action=lire&rep=senegal
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6536295/
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